Notre-Dame d’Amiens aurait dû s’écrouler

La cathédrale d’Amiens a été sauvée du désastre par un certain Pierre Tarisel, contrairement à celle de Beauvais qui s’effondra douze ans seulement après son achèvement.

© SkertzoInscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, véritable prouesse technique, la cathédrale Notre-Dame d’Amiens fut construite de 1220 à 1288 sous l’impulsion de l’évêque Evrard de Fouilloy, d’après les plans de l’architecte Robert de Luzarches. L'édifice repose sur des fondations colossales, s'enfonçant à 8 mètres sous terre. La nef, la plus haute de France avec ses 42 mètres, fut achevée en 1236, les tours et la façade en 1243. La flèche qui domine la cathédrale est posée en 1528. Elle sera raccourcie en 1628.

Beauvais dans les mémoires  

Les bâtisseurs de cathédrale ont tous en mémoire le désastre qui frappa celle de Beauvais en 1284. A vouloir édifier ces monuments à des hauteurs jamais atteintes, les architectes touchèrent aux limites techniques de l’époque. Douze ans seulement après son achèvement, une partie de la voûte du chœur s'effondra, en même temps que quelques-uns des contreforts supérieurs. Cet effondrement résulta des vibrations causées par la mise en résonance des structures hautes par les vents violents.

Des arcs-boutants fragiles

En 1497, Pierre Tarisel, « maistre des ouvrages de maçonnerie » s'aperçoit qu'une catastrophe imminente se prépare et va causer l'écroulement de la cathédrale d’Amiens, comme celle de Beauvais. Des travaux d'urgence sont nécessaires et sont effectués pour renforcer les arcs-boutants de la nef et du transept. De plus, les gros piliers de la croisée du transept souffrent sous l'effet de la poussée des grandes arcades s'élevant à 42,3 mètres.

Chaînée en fer d'Espagne

Dans un éclair de génie, Pierre Tarisel décide alors de cercler presque tout l'édifice d'un chaînage en « fer d'Espagne » réputé le meilleur à l'époque. Ce chaînage court dans le triforium de la nef et des transepts. Il est toujours en place aujourd'hui. Le problème est réglé en un peu plus d’une année. La cathédrale fut sauvée à l'époque d'une destruction certaine. Elle devint également bien plus robuste pour affronter les siècles à venir.

Les couleurs médiavales retrouvées

Souvent considérée comme l'archétype du style gothique classique, la cathédrale d'Amiens présente également certains éléments du style gothique rayonnant et du gothique flamboyant. Depuis la restauration de sa façade occidentale, la cathédrale s'impose comme la principale référence dans la découverte de la polychromie des portails gothiques. Cette révélation a donné naissance au spectacle "Amiens, la cathédrale en couleurs" qui restitue les couleurs médiévales des portails par la magie de la lumière.

 

Petit historique

1220 : Commencement de la construction de la cathédrale par l'évêque Évrard de Fouilloy, d'après les plans de Robert de Luzarches

1285 : Achèvement d'une grande partie de l'ouvrage

1390 : Construction des tours occidentales et achèvement des chapelles

1497 : Renforcement des arcs-boutants et du triforium pour éviter le déversement

1526 : Incendie de la flèche de la croisée du transept, construction de l'actuelle

16e au 18e siècle : travaux d'embellissement intérieur

1803 : Début des campagnes de restauration, qui dureront tout le 19e siècle

1862 : Classement parmi les Monuments historiques

1981 : Inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco

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