Michel Issaly : il est urgent d'évoluer!

A l’occasion de la seconde édition du salon Nature et Vins qui se déroule du 27 au 29 mai, à Paris, Michel Issaly, vice-président des Vignerons Indépendants, évoque l’inévitable mutation qui s’opère pour préserver l’environnement et consommer mieux.

© Michel Issaly - Vice-président des Vignerons IndépendantsC’est la seconde édition du salon Nature et Vins, quels sont les enjeux de cet événement ?

Michel Issaly : Le principal enjeu est sociétal car la prise de conscience des consommateurs vis à vis de la préservation de l’environnement passe par l’explication du travail que les vignerons engagés dans une démarche bio effectuent au quotidien. Le second enjeu est lié à l’essor des circuits courts. Beaucoup de filières agricoles sont en crise aujourd’hui car il y a trop d’intermédiaires. Les vignerons indépendants sont engagés depuis toujours en vente directe, nous avons donc des atouts pour répondre à la demande des consommateurs pour le bio. Au sein de notre organisation, 38% des vignerons sont d’ores et déjà engagés dans cette démarche. Pourtant, convaincre notre syndicat d’organiser un salon spécifique et expliquer à l’ensemble des vignerons l’utilité d’afficher le label bio sur tous nos salons n’était pas chose simple. C’est fait, il faut avancer.

Bio, Biodynamie, HVE, Terra-Vitis, n’est-ce pas trop pour le consommateur ?

M.I : Oui, c’est trop, mais il faut nuancer les choses. Les consommateurs reconnaissent aujourd’hui le label bio, beaucoup veulent vérifier que ce qu’ils consomment est sain. Nous nous devons de répondre à cette attente et aider les vignerons à s’engager dans une démarche environnementale. Ces différentes portes d’entrées leur permettent de le faire puis de s’orienter progressivement vers un travail plus approfondi.

En ce sens, nous privilégions le label HVE (Haute valeur environnementale) à côté du label Bio. Nous sommes au début de l’aventure, le monde agricole prend conscience de cette nécessité, mais en pratique ce n’est pas si facile. Il y a une réalité économique derrière tout cela et des conditions climatiques plus ou moins favorables, selon les régions. Beaucoup de vignerons sont encore effrayés par cette évolution.

Comment voyez-vous l’évolution du vignoble ces prochaines années ?

M.I : D’ici 2018, 50% des vignerons indépendants seront engagés dans une démarche environnementale. Tous sont fiers de démontrer leur implication auprès de leurs clients. C’est encourageant mais c’est loin d’être suffisant. Si l’on publiait aujourd’hui les chiffres sur l’impact des pesticides sur la population, les consommateurs prendraient peur.

Les pouvoirs publics sont-ils à la hauteur de l’enjeu ?

M.I : Nier les impacts de l’agriculture intensive sur l’environnement, c’est suicidaire et aller droit vers le chaos. Aujourd’hui, il faut changer de paradigme et mettre en place un nouveau modèle agricole paysan. Les grands syndicats, comme les politiques, devraient porter ce projet, depuis la surface et le modèle d’exploitation jusqu’au développement des circuits courts. Dans la réalité, force est de constater qu’ils sont dans la posture plus qu’autre chose. C’est regrettable car dans certains pays européens, notamment dans le nord, il y a de belles avancées.

Vous êtes vous-même engagés dans cette démarche bio au sein de votre domaine. Quel bilan en tirez-vous ?

M.I : En 2014, à la fin de mon mandat de président des Vignerons Indépendants, j’ai officialisé ma démarche bio car le respect de notre environnement constitue un réel enjeu. Nous n’utilisions déjà plus d’engrais chimiques, nous avions recours ponctuellement à quelques pesticides et nous faisions du vin naturel depuis 25 ans. Nous nous attachons à faire vivre les vieux cépages ancestraux de la région de Gaillac - Duras, Braucol, Prunelard, Mauzac Oundenc et Len de L’El - sur une surface de 6 hectares. Je tire une vraie fierté à travailler de la sorte et à mettre en avant les avancées de ce type d’exploitation. Nous sommes très loin des grandes exploitations viticoles. Pour eux, travailler en bio est un vrai défi. Les pouvoirs publics et les grands syndicats doivent les accompagner dans cette mutation et ne surtout pas attiser de haines entre bio et conventionnel.

 

Salon Nature et Vins : 27-28-29 mai - Espace Champerret - Paris

Pour imprimer votre invitation pour 2 personnes : cliquez sur l'invitation

 

Plus d'infos : vigneron-independant.com/2nd-salon-nature-et-vins-2016

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