Quand le jeans se transforme en isolant

Grâce à la collecte et au recyclage des vieux vêtements issus de son réseau, le Relais a créé un isolant mural pour le bâtiment.

© Le Relais

Vous vous êtes certainement déjà demandé ce que deviennent les vêtements usagés déposés dans les 16 000 points de collecte du Relais, branche d’Emmaüs France. Sur les 90 000 tonnes collectées par an, l’entreprise réussit à en valoriser près de 90 %. La moitié des vêtements est revendue à des magasins d’occasion, en France ou à l’étranger. Le reste, de mauvaise qualité ou abîmé, est recyclé. Les équipes du Relais ont eu l’idée de transformer ces textiles au rebut en un isolant destiné au bâtiment : le Métisse. Après sept ans de recherche et développement, une première usine de production a vu le jour en 2012, près de Lens.

Un éco-matériau aux performances étonnantes

Ce sont principalement les vieux jeans qui alimentent la filière Métisse et lui donnent sa couleur bleutée caractéristique. Hachées, défibrées et effilochées, les fibres de coton deviennent une nouvelle matière première à laquelle on ajoute de la laine et du polyester. Le produit est réassemblé sous forme de rouleaux, de panneaux, et depuis peu sous forme de flocons en vrac (pour isoler les combles perdus). Avec des performances thermiques et acoustiques identiques à celles de la laine minérale, l’isolant obtenu est particulièrement performant. Résistant au feu, efficace lors des chaleurs d’été, il est aussi économique, grâce au faible coût de sa matière première, et écologique avec une faible empreinte en C02.

Un isolant socialement responsable

Outre ses qualités techniques et environnementales remarquables, cet isolant nouvelle génération possède un autre atout de taille : sa dimension sociale. Créé et  fabriqué par Le Relais, né en 1984 dans le sillage des Compagnons d'Emmaüs, Métisse intervient dans la continuité de la démarche d’insertion de l’entreprise. Il s’agit de créer suffisamment de valeur dans la transformation des textiles pour créer des emplois durables et lutter ainsi contre l’exclusion des personnes sans qualification. Tous les bénéfices de la vente du Métisse sont réinvestis dans ce but. Aujourd’hui le réseau du Relais emploie 2200 personnes, en France et en Afrique. Un bel exemple d’entreprise à But Socio-économique (EBS), qui place l’économie au service de l’homme.

Une filière industrielle 100 % française

En quelques années, le Relais est devenu le premier acteur de la collecte et de la valorisation textile en France. Mieux, il a réussi à créer autour de cette activité une véritable filière industrielle intégrée, grâce à sa place de leader qui lui permet de maîtriser toute la chaîne du recyclage. En choisissant de s’installer en Nord-Pas-de-Calais, l’usine Métisse s’est implantée dans l’un des berceaux de l’industrie textile française. Elle bénéficie ainsi des savoir-faire historiques de la région tels que l’effilochage, dont elle devient aussi un nouveau débouché. Une filière promise à un bel avenir, avec l’effort d’isolation demandé aux particuliers dans le cadre de la transition énergétique. Même s’il est encore peu connu du grand public, Métisse aura isolé près d’un million de mètres carrés en 2013. Six ou sept usines pourraient venir compléter l’outil de production d’ici à 2015.

 

Rien ne se perd, tout se transforme ! 

La démarche du Relais, acteur de l’Économie sociale et solidaire, s’inscrit parfaitement dans le cadre de l’économie circulaire, un concept basé sur la notion de recyclage. Notre économie repose sur un système linéaire — Extraire, fabriquer, consommer, jeter — qui a montré ses limites en générant des montagnes de déchets et en épuisant les ressources. L’idée est de considérer qu’un produit n’a pas vocation à devenir déchet, mais peut se transformer en matière première pour en devenir un autre et avoir ainsi une nouvelle utilité. Réduire, réutiliser, réparer, recycler, une nouvelle manière de penser l’économie qui génère de nouvelles sources de revenus et des emplois.

 

 

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