Bure, le cimetière nucléaire français
Le projet d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure mené par l’Andra suscite la défiance.
Menée par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), la construction du Centre industriel de stockage géologique (Cigéo), près du village de Bure, dans la Meuse, prévoit le stockage d’ici 10 à 15 ans des lots de déchets radioactifs les plus dangereux. Dans un réseau de 15 galeries situées à 480 mètres de profondeur, pas moins de 80 000 m3 de déchets de haute et moyenne activité à vie longue pourront être entreposés. Ces déchets émettront pendant des dizaines de milliers d’années entre 100 000 et 10 milliards becquerels (Bq) par gramme. A titre de comparaison, la radioactivité naturelle d’un individu est de l’ordre de 10 000 Bq. Pour l'heure, 60 % des déchets MA-VL (Moyenne activité, vie longue) et 30 % des déchets HA (Haute activité) sont entreposés provisoirement dans des installations en surface, notamment à La Hague (Manche) et à Marcoule (Gard).
Un impact local considérable
Le site de Bure a été choisi en raison de la nature de son sous-sol. La couche argileuse imperméable de 120 mètres, vieille de 155 millions d’années, serait à même de confiner la radioactivité selon l’Andra. Sur une telle durée, rien ne prouve que l’eau ne pourra pas s’infiltrer dans le Cigéo et détériorer les déchets. Dans l’immédiat, les habitants craignent pour leur qualité de vie, la dévalorisation de leurs maisons et de leurs terrains. Quant aux retombées sur l’emploi, les collectivités et les élus locaux se montrent sceptiques et comptent bien faire monter les enchères sur les compensations financières qu’ils pourront obtenir du fait des nuisances du centre.
Une forte défiance locale
Pour ratifier ce projet, plusieurs étapes doivent être franchies à commencer par le débat public. La première réunion s’est tenue à Bure en mai dernier. Les associations environnementales dont Sortir du nucléaire et France Nature, ont appelé au boycott d’un projet qu’elles qualifient de « dangereux ». Elles demandent que les discussions reprennent après la loi de programmation sur la transition énergétique qui doit ratifier le passage à une économie moins dépendante des énergies fossiles et du nucléaire. La loi, qui sera présentée cet automne, doit être votée l'an prochain. Sur les quatorze réunions prévues sur quatre mois (de mai à octobre 2013), la première a tourné court et les deux suivantes ont été différées…
Un coût exorbitant
Après la phase de débat public, une demande d'autorisation sera soumise à une enquête publique en 2015. Si la demande aboutit, le chantier pourrait alors débuter en 2019 pour une mise en service en 2025. Reste le coût de Cigéo. Il était estimé initialement à 15 milliards d’euros, en 2005 avant sa mise en route. La Cour des comptes l’évalue désormais à 35 milliards d’euros.
- Auvergne-Rhône-AlpesSaint-Antoine-l’Abbaye se met en scène
- Hauts-de-FranceUne citadine japonaise, made in France
- Hauts-de-FranceMontdidier vise l’autonomie énergétique
- Centre-Val-de-LoireLe zoo de Beauval à l’heure du développement durable
- OccitanieLa Verna : sous la terre, le vide
- Hauts-de-FranceJardin Le Sidaner, bijou de Gerberoy