Non à la ferme aux 1000 vaches !
Une cinquantaine d’agriculteurs venus de la France entière ont procédé à une opération de démontage des traites de la ferme usine aux 1000 vaches.
Cela fait maintenant trois ans que les militants de la confédération paysanne se battent contre le projet de ferme usine initié par l’entrepreneur en BTP Michel Ramery. L’opération de démontage des traites qu’ils ont menée ce mercredi 28 mai s’est soldée par l’interpellation de cinq militants placés en garde à vue. Des manifestations de soutien ont pris forme spontanément dans plusieurs lieux en France. La ferme usine doit procéder aux premières traites début juillet.
Un complexe industriel « lait-méthaniseur »
Le projet mené par l’entrepreneur en BTP consiste à exploiter une ferme usine couplée à un méthaniseur près d’Abbeville. Il est devenu pour les paysans et les écologistes le symbole de la dérive agricole actuelle. Selon ces derniers, ce projet constitue une véritable bombe à retardement en matière de santé et d’environnement. Des centaines de vaches massivement traitées aux antibiotiques, nourries aux OGM et avec des aliments bourrés de pesticides fourniront du lait et une viande qu’on imagine de bien piètre qualité. Ce n’est pas tout. Un méthaniseur chargé de transformer les bouses des vaches en énergie produira des milliers de tonnes de boues résiduelles avec des conséquences telles que pollution des nappes phréatiques et apparition d’algues vertes en baie de Somme.
Pot de terre contre pot de fer
Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a beau plaider pour une agriculture plus biologique et affirmer qu’il ne s’agit pas de son projet, son discours ne passe plus auprès de la confédération des paysans. Elle estime que les dernières mesures de la PAC desservent les petits paysans en quête de terre au détriment d’exploitations hyper-productives, dédiées à l’export. Fournir du lait en poudre à la Chine semble plus important que d’apporter un soutien réel aux paysans. En Picardie ils seraient plusieurs centaines à chercher des terres pour pouvoir pratiquer la culture maraîchère. La ferme usine disposera à elle seule de 3 000 hectares.
Disparition annoncée des paysans
« Si ce type de projet venait à s’étendre en France, on passerait de 78 000 fermes laitières à 2 400 », estime Laurent Pinatel, porte-parole de la confédération paysanne. Le dernier recours juridique pour suspendre le permis de construire de la ferme usine a été rejeté par le tribunal administratif d’Amiens. « Ce n’est pas fini, nous allons saisir le Conseil d’Etat et nous durcirons nos actions si nous ne sommes pas entendus », assure le porte-parole. Une chose est sûre, le gouvernement aura du mal à ménager la chèvre et le chou dans cette affaire. La ferme usine cristallise le mécontentement des paysans. Il n’y aura pas de faux-semblants.