Roscoff s'occupe de ses oignons
Après avoir obtenu l’AOC en 2009, les oignons de Roscoff se voient une nouvelle fois reconnus en décrochant l’AOP, son équivalent européen.
L’oignon de Roscoff est à la fête. Il peut aujourd’hui afficher fièrement ses deux blasons, français (AOC) et européen (AOP), signes de reconnaissance du savoir-faire d’un terroir, en l’occurrence celui d’une poignée de communes du nord Finistère. Avec sa chair nacrée à bordure rosée, l’oignon de Roscoff est apprécié pour sa texture fondante et juteuse, sa saveur douce et ses arômes fruités. Il est aujourd’hui très recherché par les chefs des grandes tables, qui n’hésitent pas à mettre à l’honneur et à le travailler comme un légume.
L’oignon lié à l’histoire bretonne
La légende raconte que c’est un moine de Roscoff, Frère Cyril, qui rapporta dans le Finistère les premières graines d’oignon du Portugal au XVIIe siècle. Le climat doux de la côte ajouté à la forte demande des marins qui appréciaient leur teneur en vitamines et leur bonne conservation lors des voyages au long cours, ont favorisé la culture ces oignons doux en Bretagne. Au début du XIXe siècle, leur notoriété prend véritablement de l’ampleur, lorsque les premiers maraîchers bretons partent en Grande-Bretagne vendre leurs oignons en porte à porte. Ces Johnnies (les petit jean ou Johnnies Onions) ainsi que les surnommaient les Britanniques, les transportaient tressées sur l’épaule puis, quand la bicyclette est apparue, sur leur vélo. On en comptait jusqu’à 1500 dans les années 1930. Les Johnnies ne sont plus aujourd’hui qu’une dizaine à perpétuer cette tradition.
Une production doublement récompensée
A partir des années 70, les volumes de production ont fortement baissé, obligeant les professionnels à réfléchir à un moyen de valoriser ce produit traditionnel. Six ans après l’oignon doux des Cévennes, l’oignon de Roscoff a reçu le label AOC en octobre 2009, puis l’AOP en 2013, deux signes de qualité, garants d'un savoir-faire reconnu. Le cahier des charges précise l’aire géographique de production (24 communes uniquement, à proximité de la mer), un séchage quelques jours au champ, et une récolte avant dessèchement complet des fanes, ce qui lui confère son caractère juteux et sa saveur sucrée. Stockés dans un endroit sec et ventilé, les oignons sont triés et nettoyés un par un à la main pour finir en tresses d’un kilo. Leur période de commercialisation s’étend de la mi-août à la fin avril.
Une fête annuelle et une confrérie
La ville de Roscoff organise chaque année depuis 2003 une grande « Fête de l’Oignon de Roscoff ». Elle a lieu le week-end qui suit le 15 août, au milieu de la période de récolte. Agriculteurs, Johnnies et commerçants proposent des oignons sous toutes les formes : en vrac, en tresses, en confiture... C’est l’occasion de voir défiler la confrérie de l’Oignon de Roscoff, créée en 2010, mais aussi de visiter la « Maison des Johnnies », installée dans une ferme traditionnelle qui retrace leur histoire et qui participe à la valorisation de cette identité culturelle.
Suivez l'étiquette rose
Pour être sûr d'acheter un oignon de Roscoff ayant le label AOC, il faut repérer l'étiquette rose et ronde qui accompagne le légume sur les étals des marchés et des grandes surfaces. On reconnaît aussi cette plante potagère à sa couleur rose cuivrée et à sa présentation en tresses, par taille décroissante. Le logo garantit l’origine du produit, son nettoyage manuel, et permet de ne pas confondre avec l’oignon rosé de Bretagne, produit en dehors de la zone géographique de l’AOC.
Pour mémoire, l’AOC protège l’Oignon de Roscoff contre les usurpations, les fraudes et les contrefaçons, l'AOP garantit quant à lui une protection de la dénomination « Oignon de Roscoff » dans les vingt-huit pays de l'Union Européenne.