Le grand retour des légumes moches
Les légumes non calibrés reviennent sur le devant de la scène. Ils pourraient contribuer à réduire significativement le gaspillage alimentaire.
Ils sont tordus, cabossés, difformes, tachés… Or bien qu’ils soient tout aussi excellents que leurs voisins calibrés, ils trouvent rarement grâce à nos yeux, voire n’arrivent jamais jusque sur les étals. Mais le déclassement de ces légumes « moches », largement boudés, a de lourdes conséquences. Il génère un gaspillage alimentaire particulièrement révoltant, à une époque où de nombreux Français n’arrivent plus à se nourrir. La semaine du gaspillage alimentaire est l’occasion de mettre en avant des initiatives qui remettent à l’honneur ces oubliés de la cagette.
La dictature du paraître
Lors de l’émission « Gaspillage alimentaire : les chefs contre-attaquent » diffusée sur M6 début octobre, on a pu assister à une séquence édifiante. Dans un supermarché, deux cagettes de tomates ont été mises en vente l’une à côté de l’autre avec dans l’une des tomates calibrées, et dans l’autre des tomates biscornues, vendues 30 % moins cher. Résultat en fin de journée, les tomates qui se sont le mieux vendues étaient les tomates rondes et lisses, alors qu’elles étaient significativement plus chères. « Un réflexe », « une habitude », expliquent les clients interrogés.
Des écogestes qui changent la donne
Or cette pratique génère un gaspillage monstre qui pourrait largement être évité. Selon France Nature Environnement, chaque Français jetterait chaque année à la poubelle l’équivalent de 20 kilos de nourriture. Changer ses habitudes et faire le choix des légumes moches contribue à réduire drastiquement ce gaspillage. Et le consommateur n’est pas le seul responsable. Dans le circuit de consommation, les producteurs y contribuent pour 40 %, les consommateurs pour 40 % et les distributeurs pour 20 %.
Les initiatives se multipient
Que les recalés des fonds de cageots se rassurent, on n’a jamais autant parlé d’eux ! Plusieurs initiatives contribuent à remettent ces légumes aux normes moins esthétiques à l'honneur.
• Une campagne publicitaire
Plusieurs enseignes de la grande distribution s’y mettent, avec cet automne une campagne télévisée humoristique très réussie sur les « légumes moches » qui devrait marquer les esprits. Reste au consommateur à adhérer pour transformer ces initiatives en réussite. Avoir en ligne ici.
• Une opération de communication : « Quoi ma Gueule ?® »
Des producteurs de toute la France se sont rassemblés pour interpeller les consommateurs afin que ces fruits et légumes écartés pour des critères esthétiques retrouvent le chemin des rayons tout en permettant à chacun de faire des économies.
> Comment soutenir cette initiative ?
- en se connectant via les réseaux sociaux et en signalant son adhésion. Rendez-vous sur la page Facebook de l’opération
- en achetant ces produits lorsque vous les trouvez dans les rayons afin de montrer qu’il existe une vraie attente sur le sujet
- en rejoignant les groupes locaux qui vont directement dans les magasins partenaires pour relayer l’initiative auprès d’autres consommateurs
> Où trouver les produits "Quoi ma gueule ?®"
La liste des magasins participants peut être consultée ici. Le 16 octobre, les 300 points de vente partenaires vont symboliquement leur donner une place de choix en rayon en les mettant en avant afin de mieux les faire découvrir.
• Un logo et une marque : les gueules cassées 
Ces producteurs ont créé une marque et un logo pour faciliter le repérage de ces produits en magasin. Sont concernés les produits présentant un défaut d’aspect, des calibres plus petits que les calibres standard, un aspect « moins joli » et présentant des marques suite à des intempéries (pluie, grêle ou chocs au vent).
• Les AMAP
Le principe des AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne) n’est pas nouveau, mais il fait la part belle aux légumes bruts, non calibrés. Il consiste à regrouper autour de différents producteurs des consommateurs qui financent une partie de la production en la payant à l'avance, et en venant la récupérer chaque semaine lors des distributions collectives. Il existe aujourd’hui en France 1200 AMAP qui fournissent 30 000 familles.
Pour trouver AMAP près de chez vous : www.reseau-amap.org
• Les paniers de légumes et de fruits
Souvent biologiques, mais pas toujours, les paniers distribués près de chez soi permettent de consommer local et de saison, sans aller faire le marché, et en un clic ! Les fruits et légumes qui les composent arrivent directement des exploitations agricoles qui les produisent, sans être soumis à calibration.
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