Une nurserie de homards à l’île de Ré
La quasi disparition du homard a poussé les responsables locaux à tenter une expérience originale de réintroduction de ce crustacé à grosses pinces.
Longtemps pêché en abondance le long des côtes de l’île de Ré, le homard a pratiquement disparu de la région depuis une trentaine d’années. Les chiffres manquent pour évaluer la raréfaction de la ressource, mais on en présume aujourd’hui les principales causes : la surpêche, la pollution et le réchauffement climatique, qui entraîne une diminution du zooplancton, nourriture essentielle du homard.
Le retour du crustacé sur l'île
C’était sans compter la détermination des écogardes de l’île qui ont soufflé aux élus de Ré l’idée d’une réintroduction massive, opération déjà menée avec succès au Canada, en Angleterre et en Norvège. Le projet a consisté à relâcher près de 3000 bébés homards au large de l’île, dans un secteur propice et interdit à la pêche, apparenté à une sorte de nurserie sauvage.
Bonne chance les petits !
Début août 2013, l’heure du grand bain a donc sonné pour ces jeunes pousses de trois mois et d’à peine trois centimètres, arrivées tout droit de leur écloserie anglaise. Les bébés homards ont été immergés au large, à 20 mètres de profondeur, avec l’espoir qu’ils puissent atteindre un jour l’âge adulte, soit 5 ans. Une perspective incertaine car ils devront d’abord échapper à leurs prédateurs naturels, puis muer une bonne vingtaine de fois avant d’être sortis d’affaire. C’est à ce moment là qu’un comptage sera effectué et que les scientifiques pourront mesurer l’impact de cette réintroduction.
Un projet de repeuplement à long terme
Pour un maximum d’efficacité, les écogardes vont renouveler l’opération tous les étés durant cinq ans. Son coût, d’environ 10 000 euros par an, est financé à 100 % par l’écotaxe perçue lors du passage du pont de l’île de Ré. Une manière d’impliquer chaque visiteur dans la protection de l’environnement du site. Au-delà de l’opération scientifique, la communauté de communes a souhaité apporter un côté ludique et pédagogique au projet en offrant à 2 000 enfants la possibilité d’adopter un homard.
Opération « J’adopte mon homard »
Mise en place en 2013, cette opération avait pour but de sensibiliser le public à la préservation de la biodiversité, les enfants étant prioritaires pour l'adoption. A cet effet un guide pratique a été distribué à tous les postulants au parrainage. Chaque crustacé s'est vu attribuer une carte d’identité ainsi qu’un prénom. Avec l’assurance pour les parrains et marraines d’avoir régulièrement des nouvelles de leurs filleuls. Au vu de son succès, l’opération « J’adopte mon homard » pourrait être renouvelée dans les prochaines années.