Le vin de demain se prépare à Gruissan

Les chercheurs de l’Inra Pech Rouge adapte la vigne au réchauffement climatique.

© DRLe réchauffement climatique constitue une menace pour le vignoble français et les viticulteurs du Sud de la France en ont bien conscience. Vendanges plus précoces, stress hydrique, les vignes réagissent au fil des ans avec pour principale conséquence une évolution anormalement forte du taux d’alcool. L’augmentation a été de plus de 2° ces quinze dernières années, diminuant du même coup l’acidité des raisins. « On va assister dans l'avenir à une migration de la viticulture vers le nord, mais cette alternative n'est pas acceptable pour les ères d'appellation, par essence non délocalisables » estime Laurent Torregrossa, enseignant chercheur à Montpellier SupAgro et intervenant sur le programme « Viti-durable » mené par l'Inra. 

Direction Gruissan

Au coeur du massif de la Clape, près de Narbonne, l’Inra Pech Rouge prend ce phénomène au sérieux depuis 2011. Inutile de chercher des viticulteurs dans les 2,5 hectares de vignes de cette unité de recherche unique en Europe, ce sont les chercheurs qui sont au soin du cep et qui s’affairent, jusqu’à la mise en bouteille. Dans la parcelle, deux variétés de cépages traditionnels ont été plantées ainsi que trois variétés de cépages issues de croisements sélectionnées pour leur résistance aux maladies, oïdium et mildiou notamment.

Inra Pech RougeDes résultats prometteurs

Photos à l’appui, les chercheurs ont démontré que les vignes traditionnelles soumises à la chaleur sans traitement n’ont pas résisté, contrairement aux cépages issus de croisements. En avril dernier, les vins tirés de la récolte des cépages résistants ont été dévoilés et dégustés. Le blanc s’est distingué, le rouge a encore une marge de progression selon les retours. Les cépages pourraient être disponibles en 2017.

Le souci de l'irrigation    

Demain, on peut donc s'attendre à ce que les vignes ne nécessitent plus de traitements contre les maladies fongiques (maladies issues des champignons). En revanche, elles nécessiteront 15% à 20% d'eau supplémentaire. L’irrigation risque fort de se banaliser et l’Inra Le Pech teste à ce titre un système goutte à goutte avec des eaux usées retraitées. Le vin de demain pourrait être donc plus léger car issu de raisins moins sucrés, ce qui ne serait sûrement pas pour déplaire aux jeunes générations, plus portées sur la bière.

 

Moins de traitements qu'en bio !

Les chercheurs ont procédé par hybridation d'un cépage américain muscadinia et d'un vinifera européen recroisé depuis avec du grenache, du cabernet-sauvignon et du merlot. Cette saison, la sixième vendange est comme les précédentes, vierge de tout traitement, sans trace de mildiou et d'oïdium. Les cépages issus de croisement mis au point par l'Inra Le Pech nécessiteraient donc moins de traitement qu'en agriculture biologique... 

 

Les chercheurs testent également la non taille ou taille minimale du cep, une pratique courante en Australie. La vigne produit alors ce qu'elle peut gérer, à savoir moins de feuilles mais plus de grappes. Les baies sont plus petites mais la production peut être jusqu'à 20% supérieure d'après les chercheurs. Plus lente à mûrir, la vigne compense aussi les effets du changement climatique en freinant d'elle-même la production de sucre, donc d'alcool.

TENTEZ VOTRE CHANCE
Parure Zebrano à gagner
“Boucles d'oreilles, collier et bracelet”
Une parure Zebrano (valeur de 81€)
Inscrivez-vous !
Tirage au sort le 31 mai 2014
Fermer la fenêtre