Un parc éolien en baie de Saint-Brieuc

A l’horizon 2018, la baie de Saint-Brieuc pourrait accueillir le premier parc éolien opérationnel en France.

© Jan Oelker / Areva WindIssu du Grenelle de l’environnement, ce projet monumental a pour principal objectif de réduire la dépendance électrique de la Bretagne. Or, même s’il s’inscrit dans une démarche de développement durable et de transition énergétique, il suscite de vives réactions de la population qui dénonce cette implantation sur un site classé.

Un chantier ambitieux

L’appel d’offres lancé par l’Etat en 2011 pour le développement de l’éolien en mer a retenu cinq zones propices, dont celle de la baie de Saint-Brieuc. Le projet prévoit l’implantation d’une centaine d’éoliennes sur une zone de 80 km2, d’une puissance électrique de 500 mégawatts (le double de celle du barrage de la Rance) et une production électrique de 1,6 TWh, soit 7 % de la consommation actuelle de la région.

Trois ans de travaux

Le constructeur lauréat a été désigné en avril 2012 : il s’agit du consortium industriel Ailes Marines, qui annonce 2 milliards d’euros d’investissements. Le calendrier prévoit trois ans de travaux dès 2015  avec un début de mise en service en 2018 et une exploitation prévue sur vingt ans. Le raccordement électrique sera effectué sous la houlette de RTE, filiale d’EDF, par une liaison sous-marine puis terrestre constituée de câbles enterrés. Le projet a logiquement reçu le soutien de nombreux institutionnels et acteurs du territoire. Ils y voient une opportunité de développement en terme de retombées financières (la taxe sur l’éolien devrait rapporter 2,2 millions d’euros pendant 20 ans) et d’emploi (une centaine de postes sont annoncés, principalement dans la maintenance).

© E.LucquessoyDes voix s'élèvent

Les associations locales de protection de l’environnement n’ont pas tardé à réagir. Elles ont fait entendre une série d’arguments sur les différents types d’impacts qui pourraient résulter de ce projet.

- Zones classées : le projet est situé au large de deux espaces protégés, estampillés Natura 2000, à proximité des sites d’Erquy et du cap Fréhel.

- Pêche : le fond de la baie ayant été déclaré réserve naturelle nationale, la zone retenue est un espace de reproduction des poissons et un gisement naturel
 de coquillages. L’état des stocks pourrait être dégradé, avec une diminution et un déplacement des ressources. L’impact sur les fonds marins serait également préoccupant avec l’équivalent de 700 m2 détruits par éolienne. Enfin, l’interdiction des activités de pêche pendant la période de construction (3 ans minimum) et leur limitation postérieurement auraient une répercussion directe sur la rentabilité des entreprises de pêche locales.

- Pollution visuelle : l’implantation d’un parc d’une centaine d’éoliennes, dont les premières à 17 km des côtes, aura une incidence sur le paysage. Une éolienne se dresse sur une hauteur de 175 mètres (à titre de comparaison, la flèche du Mont-Saint-Michel culmine à 153 m) et le parc sera visible de Bréhat à Saint-Malo, comme le montrent les visuels de simulation ci-dessous.

- Questions de choix : les associations regrettent que l’éolien flottant, portant moins à conséquence sur l’environnement, n’ait pas été retenu et que la mesure de l’impact ait été financée par le porteur de projet, et non par une structure indépendante.

Quel coût pour le consommateur ?

Pour pallier l’irrégularité de la ressource « vent », et donc le caractère intermittent de la production électrique, les éoliennes doivent être couplées et relayées par des centrales thermiques alimentées par du gaz importé (qui rejettent du CO2). D’où un double investissement, financé au final par le consommateur. Ailes Marines va investir deux milliards d'euros, mais EDF devra acheter par contrat l'électricité produite à perte. Le prix d’achat minimum étant garanti au producteur pendant 20 ans par EDF, c’est encore le consommateur qui mettra la main au portefeuille, au travers de la CSPE (Contribution au service public de l'électricité). Lors de l’annonce des objectifs de la France en matière d'éolien offshore (6 000 mégawatts), la ministre de l'Écologie de l'époque, Nathalie Kosciusko-Morizet, avait annoncé un coût de 25 € par an et par foyer, soit 2 € par mois.

Et maintenant, quelle suite pour le chantier ?

Un débat public sur le projet de création d’un parc éolien en mer au large de la baie de Saint-Brieuc s'est tenu du 25 mars au 24 juillet 2013. Cette procédure a permis à chacun de s’exprimer, de débattre et de s’informer. À l'issue du débat, la commission particulière a deux mois pour rendre un rapport à la commission nationale. Mais ce rapport n'aboutira qu’à un avis consultatif. Ailes Marines aura alors trois mois pour se positionner : soit elle poursuit son investissement, soit elle le maintient en le modifiant, soit elle l'abandonne. Quatrième hypothèse : les pouvoirs publics décident finalement d'opposer un veto. L'ensemble de ces scénarios a déjà eu lieu. Sur la soixantaine de débats publics ayant déjà été organisés, 10 % ont débouché sur un abandon du projet.

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